Janusz Stega, Xylographie

Exposition | diffusion & accrochage dans le cadre de la 12ème édition du Mois du Film Documentaire en partenariat avec Equipe Monac.1
Le Bureau d’Art et de Recherche propose de découvrir le film d’art réalisé par Jean-Louis Accettone sur l’artiste Janusz Stega conjointement à un accrochage des travaux réalisés durant cette performance artistique à l’objet bien mystérieux !

_Xylographie de Jean-Louis Accettone, France, 2011, 10 mn, VO, production équipe Monac.1. Prise de son : Frédérique Pol.
Dans son atelier, le peintre Janusz Stega réalise une série de xylographies, sans paroles, avec le son des outils, et le point de vue très proche des matières. A la fin du film, le cadre s’élargit pour faire apparaître le support singulier de ces xylographies.

_Diffusion de du jeudi au samedi de 14h 30 à 18h 00 | Séance tous les quarts d’heure.

« L’histoire de l’art nous enseigne qu’à une certaine époque, qui dura fort longtemps (est-elle achevée ?), les tableaux furent des fenêtres ouvertes sur le monde, et parfois, littéralement, sur le paysage qui s’y inscrivait. A-t-on également remarqué, et pas seulement dans la peinture dite abstraite, que le monde ouvrait aussi des fenêtres qui, elles, donnaient accès au dedans des maisons, aux innombrables problèmes que posent les murs et au moyen de les couvrir ? L’un des grands peintres de cette vision du dehors vers le dedans est incontestablement Edward Hopper et chez lui, cela ouvrait, si on peut dire, sur la mélancolie. Mais déjà la Melancholia de Dürer indiquait cette direction vers l’intérieur, vers l’invisible motif. Parce que la peinture, quoi qu’on en dise, cela sert d’abord à couvrir les murs : dans l’art ou dans le bâtiment.

Malgré l’importance fondatrice de certains moments de sa vie, malgré la précision datée de certaines trouvailles, il n’est pas sûr que ce soit par la chronologie qu’il faille aborder le travail de Janusz Stega, tout entier voué cependant au temps et à ce à quoi aboutit la stratification inlassable de ses dépôts et que l’on appelle l’espace. Il n’est pas question d’autre chose que de recouvrement et de révélation (le dévoilement) et cela de la plupart des zones d’investigation où s’est aventuré l’art du siècle qui s’achève, et dans ses ultimes décennies avec encore plus d’opiniâtreté mais aussi d’inquiétude. Pour être plus précis, le travail de Janusz Stega s’inscrit au croisement des deux problématiques essentielles auxquelles s’est affrontée la peinture moderne : la question du sujet (quoi peindre quand peindre la peinture a trop souvent réintégré le domaine de la tautologie usée) et la question du contexte (ici, non seulement celle de l’in situ mais plus généralement celle du mur comme tableau, soit le décoratif). A cela, la plupart des artistes se sont confrontés, selon des modalités et avec des bonheurs divers. S’ajoute peut-être ce qui fait de la peinture de Stega quelque chose de si particulier mais aussi d’irréductible aux catégories que j’énonçais plus haut : une conscience historique qui ne serait que nostalgique si elle n’était constamment mêlée d’effroi.

Janusz Stega vit à Lille, tout près donc de Wasquehal où vécut Eugène Leroy. Originaire de Cracovie, la Pologne reste pour lui ce point incernable autour de quoi se fondent, non seulement une part essentielle de son identité (exilé quoi qu’on en dise, et, plus compliqué, fils d’exilés), mais tout autant des axes qui orientent son travail d’artiste. »

Jean-Marc Huitorel

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